CENTRE DE LUTTE CONTRE L’IMPUNITE

ET L’INJUSTICE AU RWANDA  (CLIIR)

Boulevard Léopold II, n°227                                                  Bruxelles, le 12 mai 2010.

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Mémorandum n°9/2010 adressé au Gouvernement et aux parlementaires britanniques,  aux gouvernements américains sur l’impasse politique, la culture de l’Impunité, la capacité de nuire du président rwandais Paul Kagame contre les opposants politiques

 

images-copie-2.jpgEn tant que rescapés des génocides et des massacres perpétrés au Rwanda et en République Démocratique du Congo (RDC), nous demandons l’intervention des gouvernements britannique, américain, belge et leurs alliés de l’Union Européenne pour faire libérer les nombreux prisonniers politiques détenus dans les prisons du Rwanda.

 

La dictature du président rwandais Paul KAGAME fonctionne comme un cartel du crime organisé placé au dessus des institutions officielles de l’Etat Rwandais. Ce cartel du crime est constitué par le président Paul Kagame assisté de ses principaux chefs militaires et politiques tous issus du Front Patriotique Rwandais (FPR). Ce sont les membres de ce cartel du crime qui jouissent  d’un « pouvoir occulte » et qui contrôlent toutes les institutions officielles du Rwanda telles que le Gouvernement, le Parlement, le Sénat, l’Armée, la Police nationale ainsi que les nombreux services de renseignements militaires et civils du Rwanda. Les membres de ce cartel du crime sont accusés d’avoir mis en place un machine de terreur pour assassiner, emprisonner, intimider ou pousser à l’exil tout dirigeant qui devient « indésirable ou inutilisable » pour le président rwandais Paul KAGAME. Ce cartel du crime tient le peuple rwandais, toutes les institutions officielles de l’Etat rwandais et le peuple rwandais en otages.

Est-ce que les peuples britannique, américain, belge ou autre pourraient survivre et se développer normalement s’ils étaient pris en otage par un tel cartel du crime ?

 

C’est pour dénoncer le soutien multiforme assuré au régime dictatorial du Rwanda par les gouvernements britannique, américain, belge et leurs alliés de l’Union Européenne que nous avons planifié 24 manifestations pour interpeller tous les 15 jours le gouvernement britannique et ses principaux alliés dont les Etats-Unis d’Amérique (USA) et la Belgique. Considérant la situation sociopolitique qui prévaut au Rwanda, nous demandons  aux gouvernements britannique, américain et belge d’exiger le respect de la démocratie, des opposants politiques et des droits humains par le régime du président rwandais, le Général Paul Kagame.

 

Dans ce neuvième mémorandum du 12/05/2010, nous demandons l’intervention des dits gouvernements britannique, américain et belge pour aider le peuple rwandais et son président Paul Kagame à sortir de l’impasse politique et de la culture de l’Impunité, de l’Injustice et du Mensonge dans lequel le pays est plongé.

 

En effet, pour s’assurer l’impunité totale, le président de la République Rwandaise, le général Paul KAGAME, vient de nommer à différents postes de responsabilités au plus haut niveau de l’Etat des personnalités soupçonnées d’avoir trempé dans de nombreux crimes de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis en Ouganda, au Rwanda et en République Démocratique du Congo (RDC) au cours de ces 20 dernières années.

 

Parmi ces personnalités il y en a qui sont visés par les 40 mandats d’arrêt délivrés le 06/02/08 par le juge espagnol Fernando Merelles ainsi que 9 mandats d’arrêt délivrés le 17/11/06 par le juge antiterroriste français, Jean Louis Bruguière. Il s’agit de présumés criminels suivants :

- General James KABAREBE, a été nommé Ministre de la Défense.

- Lieutenant General Charles KAYONGA, a été nommé Chef d’Etat Major Général des Forces Rwandaises de Défense (FRD)

- General Major Caesar KAYIZARI, a été nommé Chef d’Etat Major de l’Armée des Terres au sein des Forces Rwandaises de Défense (FRD).

- Lieutenant General Charles MUHIRE a été nommé Chef d’Etat Major de la Force de Réserve

- Lt Col Dan MUNYUZA a été promu Colonel et nommé G2 pour diriger le Département chargé du service de Renseignements au sein des Forces Rwandaises de Défense (FRD).

Comme si la nomination de ces quatre présumés criminels ne suffisait pas, le président rwandais Paul KAGAME a tenu des discours belliqueux et terroristes envers ses opposants politiques et démontrant ainsi qu’il méprise la population rwandaise qu’il tient en otage. Après ces discours, c’est le désespoir qui domine chez cette population qui se préparait à se choisir de véritables dirigeants à l’aide des élections qu’ils espéraient libres et transparentes.

 

Au Rwanda, le cartel du crime organisé constitue un danger public pour les institutions de l’Etat et les opposants politiques persécutés par le pouvoir :

En guise de définition générale, Monsieur Eckart WERTHEBACH, ancien chef du contre-espionnage allemand (la DST allemande) témoigne comme suit au sujet des cartels du crime organisé : « Par sa puissance financière, la criminalité organisé influence secrètement toute notre vie économique, l’ordre social, l’administration publique et la justice. Dans certains cas, elle dicte sa loi, ses valeurs, à la politique. De cette façon disparaissent graduellement l’indépendance de la justice, la crédibilité de l’action politique et finalement la fonction protectrice de l’Etat de droit. La corruption devient un phénomène accepté. Le résultat est l’institutionnalisation progressive du crime organisé. Si cette évolution devait se poursuivre, l’Etat se verrait bientôt incapable d’assurer les droits et libertés civiques des citoyens ».

 

Déjà en Europe où la démocratie existe depuis plusieurs années, la criminalité transnationale commence à inquiéter les sociétés civiles européennes. La criminalité transnationale en Europe, dotée d’une technologie avancée, est assurément inquiétante. Mais non au premier chef parce qu’elle s’attaque aux institutions, à la loi, à l’Etat ; si ce n’était que cela, le renforcement de l’action répressive de la société démocratique, de sa magistrature, de ses lois, de sa police suffirait pour la mater.

Le danger du crime organisé est ailleurs :

« Par l’appât du gain rapide, la corruption endémique, la menace physique, le chantage, il (le crime organisé) débilite les volontés des citoyens. Le reste suit comme par nécessité : une société qui ne se meut plus de son propre chef et dont l’harmonie n’obéit plus à des volontés singulières et libres est une société condamnée. Aucun Etat, aucune loi, aucune force répressive ; si déterminés et sévères soient-ils, ne peuvent plus la protéger. D’où vient la formidable efficacité des cartels du crime organisé ».

 

Ces cartels combinent trois modes d’organisation qui s’excluent ici……..

Un cartel criminel est d’abord une hiérarchie militaire :

1) Une organisation économique financière de type capitaliste, structurée selon les mêmes paramètres de maximalisation du profit, de contrôle vertical et de productivité que n’importe quelle multinationale industrielle, commerciale ou bancaire légale ordinaire.

2) En même temps, le cartel est une hiérarchie militaire. La violence est au fondement de toute association criminelle. Une violence souvent extrême, entièrement soumise à la volonté d’accumulation monétaire, de domination territoriale et de conquête de marchés

Une société multinationale prospère par l’initiative personnelle, le libre jeu à l’intérieur de structures souples, de la volonté accumulatrice de chacun de ses membres.

Une structure militaire, par contre fonctionne sur le mode autoritaire. La hiérarchie militaire se définit par la relation commandement/Obéissance. Obéir aveuglement jusqu’à la mort, aux ordres de ses chefs constitue le premier devoir du soldat.

 

3) Le 3ème mode d’organisation auquel fait appel le cartel criminel est la parenté clanique, la structure ethnique. Ce 3ème mode, la formation ethnocentrique, est en principe exclusif des autres sociabilités mentionnées, la hiérarchie militaire et la formation capitaliste. Or, ici aussi, le cartel criminel surmonte la contradiction et crée la symbiose.

Chacun des trois modes d’organisation : capitaliste, militaire et ethnique – possède sa propre et redoutable efficacité. (…) Dans la vie ordinaire les 3 formations s’excluent et s’opposent entre elles.

En les combinant (les 3 modes d’organisation), le cartel criminel parvient à additionner les efficacités propres à chacune d’elles. D’où sa force victorieuse et l’immunité qu’il oppose généralement à toute tentative de pénétration policière.

 

KANT appelle « mal radical » la force qui fait dévier les volontés singulières des citoyens, et les conduit à affaiblir, à pervertir, ou pire à annuler la règle commune qui est l’intérêt général de tout un peuple (à savoir sa liberté, sa souveraineté et son patrimoine (richesses naturelles, culturelles, linguistiques, etc….).

Le cartel du crime organisé que le président rwandais Paul Kagame a mis en place au Rwanda est un « mal radical » qu’il faut éradiquer pacifiquement par un processus démocratique qu’il faudra imposer au Rwanda. Sinon le pays pourrait sombrer dans un nouveau chaos qui profiterait comme d’habitude au cartel du crime organisé dont le commandant suprême est le président rwandais Paul KAGAME.

 

Le FPR est un système de type maffieux : le président Kagame se comporte comme un parrain plutôt qu’un chef d’Etat (Extrait de " Radioscopie du système FPR par Monsieur Eugène NDAHAYO, ancien cadre politique et administratif sous le régime du FPR à Kigali.

 

« Pour régir les masses et les individus, la priorité pour l’ex-chef rebelle, depuis la victoire militaire du Front Patriotique Rwandais (FPR) au pouvoir à Kigali en juillet 1994, a été de s’assurer le contrôle de toutes les institutions politiques et d’avoir la haute main sur tous les leviers de la finance et de l’économie du pays.

 

Kagame a ainsi conçu et mis en place dans les moindres détails un vaste plan de domination et assigné à ses lieutenants un rôle particulier dans le mécanisme de main mise et de contrôle total du pays. Au cœur de la mise en branle de ce plan, Kagame seul décide du sort de tous les autres, les couvre de gloire ou les voue à la honte, transforme les serviteurs de son système en fidèles ou en traîtres. A cette fin, aucun moyen possible pour assurer l’hégémonie du maître du Rwanda, présenté comme le protecteur et le rémunérateur de tous ceux qui se soumettent à lui, n’est épargné : massacres au grand jour, exécutions moins apparentes et plus expéditives, assassinats ciblés, achat des consciences, mensonges, imposture, trahison, …et tout autre moyen nécessaire pour maintenir la terreur, briser toute résistance et produire une soumission aveugle.

 

Pour mener à bien son plan, il a constitué autour de lui une nébuleuse militaro-politico-financière, une sorte d’organisation de type maffieux, connue sous le nom d’Akazu, qui contrôle toute la vie politique, sociale, économique et financière du pays.

Cette organisation a des ambitions illimitées, une convoitise dévorante, une haine ethnique intense envers les Hutu et une vengeance impitoyable. Il va de soi que l’Akazu n’est pas officiellement légal et, partant, est irresponsable. Ce qui le rend d'autant plus audacieux et sans scrupule.

 

C’est ce pouvoir parallèle qui règle la vie politique, qui fait et défait les carrières, qui accorde les privilèges, qui fait et dit la loi, qui met à mort ou fait grâce, qui contrôle l’armée …Bref l’Akazu est si puissant qu'il peut à tout moment et en tout lieu écraser les mécontents ou les récalcitrants. Les institutions officielles de l’Etat ne font que suivre les instructions tracées par le Parrain et l’Akazu. S’il arrive que des fois, pour donner l’illusion de la démocratie, on accorde quelques minutes de récréation aux incorrigibles bavards pour parloter au sein des assemblées parlementaires et administratives ou d'impudents journalistes attaquer les pouvoirs administratifs, tout le monde sait que ce serait courir un risque mortel de mettre directement en cause le Parrain.

 

Ce pouvoir secret n'hésite pas à changer les agents qui le masquent. Et quand il le faut, le Parrain n’hésite pas à sacrifier ses plus proches collaborateurs et à renouveler ses écuries. Le sort réservé aux sacrifiés dépend du signal que le Parrain veut envoyer : fort ou soft. Les moins chanceux sont soit purement et simplement assassinés, soit livrés en pâture à la presse et à la justice qui leur font porter le chapeau des crimes et délits du régime avant de les emprisonner ; les plus chanceux soit obtiennent des postes qui les éloignent du pays, soit prennent la voie du garage. Aujourd’hui, Kagame est entouré de jeunes cadres et de jeunes officiers qu’il a promus lui-même et qui lui sont très dévoués. Les rares anciens compagnons qu’on voit encore à ses côtés sont ceux qui ne représentent pas encore une menace pour lui à court ou moyen termes. Dans son livre témoignage à la page 441, Abdul Ruzibiza, un ancien du Network Commando au sein de l’Armée Patriotique Rwandaise explique ainsi ce dévouement : d’une part « Sous la menace de renvoi, les militaires qui savent qu’ils n’ont aucun niveau d’études, sans autre alternative dans la vie, acceptent tous les caprices de leur chef. Ils savent qu’en cas de renvoi, Kagame fera tout pour leur compliquer la vie en les plongeant dans la pauvreté la plus totale, de façon à ce que le retour à la vie civile soit une véritable galère. En outre, une fois renvoyé, le militaire est poursuivi, voire traqué par les services spéciaux pour activités subversives supposées. Cette situation traumatise certains militaires qui préfèrent se rattacher à Kagame même s’ils ne sont pas d’accord avec ses agissements ».

 

D’autre part, « un stratagème employé par Paul Kagame pour asseoir sa dictature sur l’armée est de faire en sorte que chaque militaire de son entourage proche ait au moins participé à des massacres de civils et autres assassinats. Il se sent ainsi lié au chef par le secret du crime, obligé de ses solidariser avec lui et de se protéger mutuellement. Ce point est important pour comprendre la politique criminelle de Kagame. La plupart des officiers de son entourage peuvent mourir pour lui par le seul fait de leur connivence à propos des crimes perpétrés de concert. » (Lieutenant Abdul Joshua Ruzibiza, Rwanda, L’histoire secrète, éditions du Panama, 2005).

 

Le  FPR est aussi passé sous le contrôle de l’Akazu. Depuis l’année 2000, le parti est tombé entre les mains du Parrain et lui est assujetti, d’autant plus que Kagame cumule ses fonctions de Président de la République avec celles de président du FPR. (Extrait de " Radioscopie du systéme FPR par M. Eugène Ndahayo" (Eug.Ndah@wanadoo.fr)

 

Nous demandons aux gouvernements britannique et américain de convaincre le président rwandais Paul KAGAME afin qu’il ne puisse plus se présenter comme candidat aux élections présidentielles. Suite à son passé de tortionnaire en Uganda, compte tenu de ses nombreux crimes qu’il a commandité en Uganda, au Rwanda et en République Démocratique du Congo (RDC), les autorités britanniques et américaines ainsi que leurs alliés européens devraient cesser de soutenir un tel présumé criminel qui tarde à être jugé.

 

Si nous avons pris le temps d’énumérer le fonctionnement du système maffieux du Front Patriotique Rwandais (FPR), c’est pour démontrer que le peuple rwandais a beaucoup souffert de la dictature du président Paul KAGAME. Il est grand temps que ce système prenne fin par des voies démocratiques pour éviter un nouveau bain de sang et un nouveau chaos.

 

 

RECOMMANDATIONS :

Nous demandons à la Grande Bretagne et à ses alliés de l'Union Européenne et aux USA d'exercer des pressions pour faire libérer tous les prisonniers politiques et de conditionner l'aide financière et toute coopération au respect des droits humains par le régime rwandais. La Grande Bretagne, la Belgique et les USA doivent jouer un grand rôle dans la libération de tous les opposants politiques condamnés et/ou détenus arbitrairement au Rwanda.

Nous insistons auprès de toutes les organisations internationales des droits humains afin qu'elles s'efforcer d'exiger la libération de tous les opposants politiques rwandais qui croupissent dans les prisons mouroirs du Rwanda. Nous proposons à Amnesty International et Human Rights Watch d'adopter comme des prisonniers d'opinion tous les opposants politiques rwandais emprisonnés au Rwanda.

Nous demandons à la population rwandaise de ne pas céder à la terreur de la junte militaire qui l'opprime et de résister à toutes les manipulations du pouvoir visant à consolider le terrorisme d'Etat et à institutionnaliser la délation au plus haut niveau de l’Etat rwandais.

 

Fait à Bruxelles, le 12 mai  2010.

 

Pour les organisateurs de la Manifestation, MATATA Joseph, Coordinateur du CLIIR.

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